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AFAENAC Association des Familles Adoptives d'Enfants Nés Au Chili

Au Chili, le candidat de droite arrive en tête du premier tour de la présidentielle

Blog de l'AFAENAC

LE MONDE | 14.12.09 | 08h53  •  Mis à jour le 14.12.09 | 09h02
Santiago du Chili, envoyée spéciale


Le candidat de droite, le milliardaire Sebastian Piñera, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 13 décembre, avec 44 % des voix. Il devance l'ex-président démocrate-chrétien Eduardo Frei (1994-2000), candidat de la Concertation, la coalition de centre-gauche au pouvoir depuis vingt ans, qui a recueilli 29,6 % des suffrages. Un second tour, qui s'annonce serré, aura lieu le 17 janvier 2010.


Les électeurs du candidat indépendant Marco Enriquez Ominami, jeune dissident socialiste, arrivé en troisième position avec 20 % des voix, joueront les arbitres. Un autre dissident, Jorge Arrate, allié au Parti communiste, a obtenu 6 % des suffrages : il a appelé à voter pour M. Frei au second tour.


C'est la première fois depuis la fin de la dictature militaire du général Augusto Pinochet que la droite arrive en tête d'un ballottage. En décembre 1999, Joaquin Lavin, candidat de l'Union démocrate indépendante (UDI), le parti de droite pro-Pinochet, avait réuni 47 % des voix contre 48 % pour le socialiste Ricardo Lagos, qui avait été élu de justesse au second tour avec 51 % des suffrages.


M. PIÑERA INCARNE UNE DROITE MODÉRÉE


Trente-six ans après le coup d'Etat du 11 septembre 1973, la société chilienne a changé. La peur a disparu. Trois ans après la mort du général Pinochet, le 10 décembre 2006, l'axe autoritarisme-démocratie, qui caractérisait les présidentielles antérieures, a été effacé.


"Beaucoup de Chiliens ne se guident plus en fonction du paramètre traditionnel gauche-droite, estime l'analyste Carlos Peña. Ils savent que le modèle libéral chilien ne sera pas remis en cause, ils votent désormais pour celui qu'ils perçoivent comme plus efficace et plus moderne." Le Chili jouit d'une démocratie solide et d'une stabilité économique exemplaire sur le sous-continent latino-américain.


A la tête du Parti de rénovation nationale, M. Piñera incarne une droite modérée qui a pris ses distances à l'égard de l'ancien dictateur. Il avait voté "non" au plébiscite de 1988 par lequel le général Pinochet avait tenté de se maintenir au pouvoir. Son père était un démocrate-chrétien. Sebastian Piñera a été ambassadeur en Belgique sous la présidence du fondateur de la démocratie chrétienne, Eduardo Frei Montalva (1964- 1970), le père de son rival.

Candidat malheureux face à la socialiste Michelle Bachelet, la présidente sortante, M. Piñera avait fait sensation en devançant, au premier tour en 2005, son rival ultraconservateur Joaquin Lavin, membre de l'Opus Dei. Aujourd'hui, M. Piñera est toutefois allié à l'UDI. Le dernier président de droite élu avait été, il y a cinquante-et-un ans, Jorge Alessandri (1958-1964).


Mathématiquement, en additionnant les votes en faveur des deux dissidents socialistes, M. Frei pourrait l'emporter au second tour. Cependant, les politologues à Santiago estiment qu'une partie des électeurs de Marco Enriquez-Ominami, désabusés par la Concertation, pourrait reporter ses voix sur le candidat de la droite.

Eduardo Frei appartient au secteur conservateur de la coalition de centre-gauche au pouvoir. A 67 ans, il est perçu comme peu différent de la nouvelle droite que prétend incarner M. Piñera. Ce dernier a repris à son compte la défense des droits de l'homme, un thème jusqu'ici monopolisé par la Concertation.


Dans un pays conservateur, un des spots télévisés de la campagne de M. Frei montrait deux jeunes filles s'embrassant sur la bouche. De son côté, M. Piñera est apparu aux côtés de deux jeunes homosexuels se tenant par la main. Cela lui a valu le courroux de ses alliés de l'UDI et de l'Eglise catholique.

M. Piñera a su habilement reconnaître les succès des quatre gouvernements successifs de la Concertation depuis le retour de la démocratie, rendant un hommage particulier à la présidente Michelle Bachelet, qui termine son mandat, le 1er mars 2010, avec 78 % d'opinions favorables.


LE PARTI COMMUNISTE REVIENT AU PARLEMENT


M. Piñera a toutefois rappelé que l'énorme brèche entre riches et pauvres n'a pas été comblée. Et il a promis la création d'un million d'emplois, une augmentation des programmes sociaux et une main de fer contre la délinquance qui préoccupe les Chiliens.

Les électeurs ont également voté, dimanche, pour renouveler la Chambre des députés et la moitié des sièges du Sénat. Pour la première fois depuis le coup d'Etat du général Pinochet qui renversa le président socialiste Salvador Allende (1970-1973), le Parti communiste chilien revient au Parlement avec trois députés élus, selon les premiers résultats officiels.


Christine Legrand

 

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