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AFAENAC Association des Familles Adoptives d'Enfants Nés Au Chili

Chili - L'interminable attente des "33" (francesoir.fr)

Blog de l'AFAENAC
Les trente-trois mineurs bloqués sous terre depuis vingt jours après l’effondrement d’une mine au Chili devront faire preuve de patience. Les opérations de sauvetage prendront plus de trois mois. Le travail des secours et des familles pour assurer l’attente débute. Explications.

Comment le contact a-t-il été établi ?

 Le 5 août, un éboulement se produit au fond d’une mine d’or et de cuivre située à San José, à huit cents kilomètres au nord de Santiago, la capitale du Chili. Trente-trois mineurs sont pris au piège, 688 mètres sous terre. A la surface, les familles craignent le pire. Dimanche, soit dix-sept jours plus tard, une sonde équipée d’une caméra s’enfonce sous terre. Elle rapporte un message inespéré : « Nous allons bien, les 33, dans le refuge. » Une communication manuscrite s’engage alors avec les mineurs. Leurs proches, rassemblés dans un campement tout près de la mine, griffonnent des messages d’encouragement sur les conseils des psychologues venus les épauler. Le plus dur commence.

Comment les opérations de secours vont-elles se dérouler ?

Tous les espoirs des sauveteurs reposent sur la Strata 950, une puissante foreuse hydraulique. Ce monstre australien de 30 tonnes doit creuser le puits par lequel sortiront les mineurs. « On fait une perforation verticale de l’ordre de 33 centimètres et ensuite on met une tête foreuse métallique qui l’élargira à 66 cm », explique Andres Sougarret, l’ingénieur du groupe minier public Codelco qui supervise les travaux. Les hommes seront ensuite extraits un par un, sanglés dans une petite nacelle tirée par un câble. Une opération nécessitant une demi-heure par passager. Avant d’en arriver là, il va donc falloir creuser. Or, pour l’instant, les possibilités de forage sont limitées à une dizaine de mètres par jour tant les sous-sols de la mine sont instables. A ce rythme, selon l’ingénieur, il faudra compter un délai « de 120 jours au moins » pour le creuser. Au mieux, « les 33 » ne devraient donc pas revoir la lumière du jour avant le mois de décembre.

Comment vont-ils survivre sous terre ?

Jusqu’à présent, les mineurs ont tenu en buvant de l’eau de ruissellement, en s’octroyant deux bouchées de thon en boîte et un demi-verre de lait toutes les 48 heures. Ils sont maintenant ravitaillés grâce aux sondes. Ils ont ainsi reçu de l’eau, du sérum glucosé et des médicaments contre les ulcères d’estomac. La température élevée du lieu (entre 32 et 36°) permet à leur corps de ne pas avoir à se défendre contre le froid. En revanche, « ils ont besoin d’un apport quotidien d’un litre de compléments nutritionnels et d’un litre d’eau, explique Patrick Gelas, nutritionniste à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon (Rhône-Alpes). Tous vont perdre de la masse musculaire du fait de leur inactivité ». Ils vont également devoir « organiser leur vie », observe de son côté Pierre-Henri Fontespis-Loste, conseiller technique de Spéléo secours français (SSF) auprès de la préfecture de Pau (Pyrénées-Atlantiques). « Il faut préparer un coin toilette qui ne gêne personne. Leur instinct de survie va se mettre en route. Une hiérarchie naturelle va s’établir. Obligatoirement, l’un de ces hommes va s’affirmer comme le leader du groupe. » Selon ce spécialiste, le plus grand risque encouru par les « prisonniers » est une dégradation de leur état de santé. « Ils peuvent avoir un infarctus, des crises d’angoisse. Mais le pire serait pour eux de lutter contre une épidémie. Ce serait catastrophique. »

Et après ?

Si les mineurs parviennent à tenir pendant ces longs mois, leur « réadaptation physique et psychologique prendra du temps, précise Patrick Gelas. Certains auront sans doute besoin d’avoir recours à un kinésithérapeute sur plusieurs mois pour retrouver la masse musculaire perdue. » De plus, isolée du cycle du soleil, leur horloge biologique va se dérégler. « Normalement, un homme est réveillé durant 16 heures et dort 8 heures. Eux passeront un jour à 4 heures de sommeil et seront éveillés durant 20 heures. Il leur faudra plusieurs mois pour se réhabituer », souligne le spéléologue. Pas d’inquiétude particulière cependant pour leur vue. « Leurs yeux vont s’adapter au noir ambiant, mais il n’y aura pas de conséquences graves sur leur vision », explique le Dr Patrick Fleury, ophtalmologiste, spécialiste du glaucome et de la rétine. « En revanche, ils vont devoir se réadapter progressivement à la lumière du jour. Lorsqu’ils sortiront, ils devront porter des lunettes teintées », poursuit cet ancien interne à l’hôpital parisien des Quinze-Vingts. Et de préciser : « Ils recouvriront leur vue au bout d’une huitaine de jours, mais c’est avant tout une question de convenance personnelle. »

Infographie du déroulement de l'opération

Infographie du déroulement de l'opération © France Soir

 

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