Funa a Piñera en París (Le Comité d'accueil au Président chilien)
L’ENVERS DU DECOR (Témoignage) En regardant la vidéo de la conférence du Président chilien dans le grand Amphithéâtre de l’Institut des Sciences Politiques de Paris, le 20 octobre dernier, on ne peut que se réjouir de voir des étudiants lui poser certaines questions en toute liberté, et des membres du Collectif de Soutien au Peuple Mapuche déployer face à lui et garder bien en vue un long moment la banderole « LIBERTE AU PEUPLE MAPUCHE ! ». Ces images ont fait le tour de la planète et c’est tant mieux pour la cause du Peuple Mapuche en lutte pour ses droits.
Mais il ne faudrait pas pour autant en déduire qu’en France, règne une totale liberté d’expression et de contestation dans les lieux publics. En effet, tandis que quelques uns manifestaient à l’intérieur de l’Institut, d’autres membres du même Collectif ont commencé de manifester à l’extérieur, face à l’entrée de la prestigieuse école devant laquelle la voiture officielle devait s’immobiliser quelques minutes plus tard.
A peine la banderole déployée et le premier slogan lancé « No a la ley antiterrorista ! », notre petit groupe s’est vu interdire l’espace public et a été aussitôt arrêté sur place.
Comment qualifier ces quelques 2 heures où notre liberté de nous exprimer s’est trouvée soudain muselée par un dispositif policier d'une ampleur inouïe et disproportionnée, eu égard au petit nombre que nous étions? Ces 2 heures où nous avons été parqués dans une "prison à ciel ouvert" de quelques mètres carrés, ces 2 heures où l'Etat nous a imposé son arbitraire, après nous avoir un par un dûment identifiés, -ou fichés, pour celles/ceux qui ne l'étaient pas déjà-, tout cela sans aucun témoin ? N'ayons pas peur des mots: cela s'appelle du terrorisme d'Etat et il nous appartient de le dénoncer comme tel, même s'il n'y a eu aucune violence physique de la part de la police à notre égard. A la réflexion, et plusieurs jours après les faits, je crois que nous devons témoigner de cette violence politique qui s'est exercée bien à l'abri des regards, contre notre petit groupe de 13 personnes encerclées par les forces de l'ordre sur un bout de trottoir d'une artère parisienne et empêchées de circuler plusieurs heures durant, sans explication aucune.
Nous avons tenu à donner à l'action de nos camarades à l'intérieur de l’Institut des Sciences Politiques toute l'importance et le retentissement nécessaires, et cette action a eu, au Chili mais ailleurs également, l'impact médiatique espéré. Pourtant, les deux interventions –dedans et dehors- relevaient d'une initiative commune et le contraste entre elles en est d’autant plus flagrant : A l’intérieur, le visage souriant de Piñera écoutant les questions dérangeantes des étudiants chiliens et lisant sereinement le texte de la banderole. A l’extérieur, le visage de la répression que subissent en France ceux qui choisissent la rue comme espace de parole de la contestation politique et du mouvement social.
Pour qu’au Chili on n’ignore pas qu’en France aussi, la police veille, partout et toujours, et que les libertés individuelles y sont en permanence bafouées.
Dominique Grange
(Membre du Collectif de Soutien au Peuple Mapuche)
Paris, le 25 Octobre 2010
Las dos caras de la moneda
(Testimonio)
Viendo el video de la Conferencia del Presidente de Chile en el gran anfiteatro del Instituto de Ciencias
Politicas de París, el día 20 de octubre, solo cabe alegrarse de ver los estudiantes y algunos miembros del colectivo de apoyo al Pueblo Mapuche, al formularle preguntas y desplegar frente
a él y mantener visible durante 10 minutos, un lienzo de 5 metros que decía « LIBERTAD PARA EL PUEBLO MAPUCHE ! ». Aquellas imágenes han circulado por todo el planeta lo que ayuda a la
causa del Pueblo Mapuche luchando por sus derechos.
Sin embargo, no habría que concluir que en Francia reina una total libertad de expresión y de contestación
posible en los lugares públicos. En realidad, mientras algunos manifestaron libremente al interior del Instituto, otros miembros del colectivo empezaron a manifestar afuera, frente a la entrada
de la prestigiosa escuela donde el vehículo oficial tenía que llegar. Pero apenas desplegada la banderola y el primer slogan que se gritó, « No a la ley antiterrorista ! », a nuestro grupo
se le impidió
ocupar el espacio público y fuimos en seguida arrestados.
Como calificar esas 2 horas, cuando nuestra libertad de expresión se vió súbitamente amordazada por un
dispositivo policial de una importancia inaudita y desproporcionada, en relación al pequeño grupo que éramos? En esas 2 horas, nos acorralaron en una prisión al « aire libre » de unos
cuantos metros cuadrados, esas 2 horas en que el Estado nos impuso su voluntad arbitraria, después de habernos identificado individualmente - o fichado, para los que todavía no lo estaban, y todo
esto, sin testigo alguno? Hay que decir las cosas por su nombre, eso es terrorismo de Estado, y es nuestro deber denunciarlo como tal, aunque no hubiera violencia física contra nosotros.
Pensándolo bien, algunos días después de esos
acontecimientos, creo que debemos testimoniar sobre esa violencia política que se ejerció al margen de las
miradas, contra nuestro grupo de 13 personas rodeados por la policía en la acera de una arteria parisina y violentados en la libertad de circulación durante varias horas, sin ninguna
explicación.
Quisimos apoyar la acción de nuestros camaradas adentro del Instituto de Ciencias Políticas y darle toda
la importancia y la resonancia necesaria, y esa acción tuvo en Chile, pero también en el extranjero el impacto mediático esperado. Por lo tanto, las dos intervenciones – dentro y fuera –
relevaban de una iniciativa común y el contraste entre ambas es flagrante:
Adentro, el rostro sonriente de Piñera escuchando las preguntas « embarazosas » de los estudiantes chilenos y
leyendo con serenidad el texto del lienzo.
Afuera, el rostro de la represión que sufren en Francia los que eligen la calle como espacio para la
contestación política y la protesta social.
Para que en Chile no se olviden que, en Francia también, la policia vigila por todos lados y siempre, y que las
libertades individuales son violadas permanentemente.
Dominique Grange
(miembro del Colectivo de Apoyo al Pueblo Mapuche)
París, el 25 de octubre de 2010.