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AFAENAC Association des Familles Adoptives d'Enfants Nés Au Chili

Le « Happy end » chilien, une partie seulement de la réalité (stephanieabeloos.owni.fr)

Blog de l'AFAENAC

By Stéphanie Abeloos

 


 

L’histoire des 33 mineurs chiliens prisonniers pendant 68 jours sous terre peut être vue de deux manières. D’une part, à la façon des médias c’est-à-dire un récit dramatique qui s’achève de la meilleure façon qu’elle l’eut pu.

D’autre part, comme les syndicalistes et les défenseurs des droits humains le voient : un événement qui pourrait être le début d’une refonte des conditions de travail dans les mines.

 

Lorsque l’histoire des mineurs prisonniers à San José, au Chili, commence à être répercutée dans les médias du monde entier, un bon nombre de populations de la planète s’est laissé submerger par une vague d’émotion.

L’ensemble de la société s’est très vite senti concerné. Selon Philippe Marion, professeur à l’Observatoire du récit médiatique de l’UCL, il s’est créé une sorte d’euphorie collective caractéristique des grands évènements cérémoniels autour de « l’aventure » de ces mineurs. « Il y a une sorte de trêve dans la société, comme si le cours du monde suspendait son flux, pour que la société célèbre l’événement dans une sorte de liturgie sociale ». C’est un moment de consensus où la société mondiale peut être assimilée à un village global.


Manuela Chavez responsable des droits humains à la Confédération internationale des syndicats est d’un avis opposé. Elle pense que l’événement aurait pu être prétexte à une réforme profonde des conditions de travail des mineurs du monde entier. Elle estime qu’« il manque des règlements du travail, de santé […] On ne parle pas assez dans les médias des causes de cet accident ».

Le gouvernement et le Président du Chili évoquent le côté positif de l’histoire, mais ils ne parlent pas de réforme. « Cette belle histoire doit servir à quelque chose ».

 

Évènement positif et camouflage de la réalité

Philippe Marion évoque une bonne chose pour la société, un moment de répit qui a une vertu thérapeutique. L’incident « crée une suspension sociale, qui fait du bien ».

Il y a un gonflement médiatique notable. Philippe Marion considère cela comme positif, car l’événement rassure l’homme sans aucune dimension voyeuriste ou sordide.


Manuela Chavez estime que les médias choisissent d’exposer certains faits et d’en cacher d’autres. « Mais où est l’entreprise minière ? Elle a disparu, personne n’en connaît même le nom. Mais ce sont eux les responsables de l’accident, quand même ».


Il est encore trop tôt pour dire si cet événement qui se finit pour le mieux pourra changer les choses, mais il est évident que si les médias continuent à montrer une partie de la réalité et à en cacher un autre au grand public, le spectateur ne peut pas se faire une idée précise de la question. Même si seul son pouvoir est limité, rien que la prise de conscience d’une problématique à un petit groupe de personnes peut entamer un changement de grande ampleur.

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