Les Mapuches, perdus dans la forêt et dans le Chili moderne
TEMUCO (Chili) - Ils font sporadiquement les gros titres de la presse, lors de heurts avec la police, de procès, de grèves de la faim de leurs militants radicaux... Mais la plupart du temps, les Indiens Mapuches restent désespérément, farouchement pour certains, en marge du Chili moderne.
Les immenses forêts de pins et d'eucalyptus typiques de l'Araucanie, dans le sud chilien, n'ont pas toujours
été là. De grandes vagues de plantations forestières, dans les années 70 sous la dictature, ont dopé l'industrie du papier et du bois (3% du PIB) et rogné un peu encore sur ce que les Mapuches
(6% de la population) revendiquent comme "terres ancestrales".
"Deux entreprises forestières détiennent près de 2 millions d'hectares et un million de personnes qui
s'identifient comme Mapuches possèdent à peine 600.000 hectares à l'échelle du pays", dénonce à l'AFP Alfredo Seguel, un werken (porte-parole) Mapuche.
Aux yeux des Mapuches ("gens de la terre" dans leur langue, le mapudungun), cette forêt qui prospère n'est
que le visage moderne d'une spoliation historique, continue, depuis les campagnes de "pacification", autrement dit militaires et meurtrières, des années 1880. "Avec la formation de l'Etat chilien
est venue une politique de domination économique, sociale et politique, qui perdure", estime Luis Tranamil, dirigeant de le communauté "Jose Jineo".
Le combat pour leurs territoires provoque sporadiquement des tensions violentes avec les autorités. Des
militants radicaux de la Coordination Arauco Malleco (CAM), ont par exemple mené des occupations de terres, revendiqué des sabotages d'engins forestiers, et en retour l'Etat les a accusés d'être
responsables de gigantesques incendies meurtriers, en janvier.
Jose Jineo est une communauté mapuche typique comme il en existe 2.000 à travers le Chili: un hameau
d'environ 60 familles, aux humbles maisons de bois et toits de tôle. Un peu de blé, de pomme de terre, un peu d'élevage et quelques emplois peu qualifiés en ville y forment le socle de
subsistance.
Source : http://www.portalangop.co.ao